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Eva Duquesne

En Charente, on est bien dans ses chaussons !


© 2020 Mesoke E&D
Les plus belles soirées d'hiver se passent en Charentaises

François Morel en faisait l'éloge il y a quelques semaines dans son petit billet, mais dans un coin de la Charente Limousine, ça fait déjà quelques mois que se prépare une petite revanche… Ils ont peut-être perdu une bataille mais pas la guerre.

Non! Ce n'est pas le retour de la guerre des chaussons mais de leurs valeureux serviteurs, qui eux, ont bien pris leur courage à deux mains pour faire vivre la Charentaise.

Petit retour rapide sur son histoire.

Ce chausson créé au 19ème siècle est un produit en avance sur NOTRE temps ; puis-qu’entièrement "éco-conçu" à partir des reliquats de feutres des papeteries du coin.

Aaah le recyclage!!

Particularité de cette pantoufle charentaise, sa technique du cousu-retourné d'une solidité infaillible mettant au tapis la semelle collée bon marché. Depuis, elles traversent les âges fait de hauts et de bas.

© CPIE Périgord Limousin. Photographie tirée de l'article de Marie Pierre Baudry dans Le Picton n°259
Les semelles "silencieuses" découpées dans le feutre à l'emporte-pièce

Surnommées "les silencieuses" dans les grandes maisons où les serviteurs pouvaient se déplacer en toute discrétion, elles ont ensuite perdu de leur ferveur avec une image un peu pantouflarde qui leur colle à la semelle de feutre, ou serait-ce leur design carreaux écossais passé de mode?



En 2018, les manufactures sont maintenues le talon hors de l'eau par l'ancien ministre Renaud Dutreil, qui rassemble plusieurs sites en difficultés. Dans la foulée, c'est une IGP (Indication Géographique Protégée) qui vient appuyer ce savoir-faire de Charente-Périgord.

Pourtant, quelques mois après, pendant l'été chaud 2019, où l'espadrille pimpante a remplacé le douillet au coin du feu, on nous annonce que la dernière fabrique du coin est en redressement judiciaire et qu'elle recherche un nouveau repreneur. Elle n'en trouvera pas.

Aïe aïe aïe ! On s'alarme du nombre de licenciés (124), des savoirs et techniques qui vont se perdre au fond des placards, des savates made in pas cher qui ne vont pas tarder à prendre la place de nos vrais « feutres » sur les étales et afficher « Charentaise » avec son petit drapeau tricolore...ils sont malins !!

© CPIE Périgord Limousin
L'étape du retourné

Heureusement, deux anciens salariés, Olivier Rondinaud

et Michel Violleau "recréent" une production desdites pantoufles :

Table rase du passé avec un nouvel atelier, nouveaux objectifs, anciennes machines, quinze anciens salariés professionnels et motivés pour fabriquer toujours et toujours le cousu-retourné traditionnel. 1200 points de vente -hors la grande distribution- assurent les premiers débouchés.

C'est en cours et on est impatient de voir arriver ces petites rescapées!


Cette histoire, elle nous sert d'exemple aujourd'hui plus que jamais, ce n'est pas la première dans le secteur et ce ne sera pas la dernière. Juste, une piqûre de rappel, que certains entreprennent l'autonomie, l'indépendance, le made in moi-même et le culot.

C'est notre réponse à cette paralysie générale qui pèsent sur nos enjeux économiques, nos acquis sociaux. On a une richesse, on la fait vivre, on la garde, on la maintien, que l'on soit producteur ou consommateur, l'un ne marche pas sans l'autre, alors l'hiver n'est pas fini et il est encore temps d'aller mettre vos petits petons bien au chaud et prendre conscience que vous aussi, vous façonnez le territoire dans lequel vous vivez.


© CPIE Périgord Limousin
L'atelier du cousu-retourné au musée de Varaignes

Si l'envie vous vient de découvrir la fabrication et l'histoire de la charentaise, venez visiter le musée de la Charentaise au CPIE Périgord Limousin de Varaignes (24), vous pourrez même tester le produit, à carreau chic et classique ou original et pétillant avec ses gammes stylisées, en partie fabriquées au musée!


Eva Duquesne

MESOKE E&D

initie et soutient des projets de Développement Durable

En Périgord, Charente et Haute Vienne

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